Audition & Mémoire : un duo à préserver pour une belle communication et limiter les troubles cognitifs

Avec l’avancée en âge, de nombreuses personnes présentent à la fois des troubles de l’audition et des troubles de la mémoire. Bien que souvent considérés séparément, ces deux domaines sont étroitement liés et leur interaction peut accélérer le déclin cognitif, limiter les interactions sociales et affecter l’autonomie au quotidien. Aussi, il est essentiel d’envisager la personne dans sa globalité. Ce regard croisé sur l’audition, la communication et les fonctions cognitives permet de mieux comprendre les mécanismes en jeu, de proposer des moyens concrets pour maintenir la communication et d’accompagner les personnes avec des outils adaptés.

Le lien entre déficit auditif et fonctions cognitives

Les troubles auditifs, notamment la presbyacousie, sont fréquents chez les personnes âgées et ont un impact significatif sur les fonctions cognitives. Des études ont montré que la perte auditive non corrigée est associée à un déclin cognitif plus rapide avec une diminution des capacités cognitives de 30 à 40 % plus élevée que chez les personnes sans perte auditive. Cette perte auditive peut entraîner une privation sensorielle, réduisant la stimulation cognitive et augmentant le risque de démence, y compris la maladie d'Alzheimer.

Le rôle de la communication dans les fonctions cognitives

La communication est essentielle pour maintenir les fonctions cognitives. Elle stimule la mémoire, l'attention et les fonctions exécutives. Une communication efficace permet aux personnes de rester engagées socialement, réduisant ainsi l'isolement et le déclin cognitif.

Les troubles de la communication, souvent exacerbés par des déficits auditifs, peuvent entraîner une diminution de l'estime de soi et une réduction de la participation aux activités sociales, affectant négativement la santé cognitive globale.

Moyens pour favoriser la communication

Environnement

Un environnement adapté est crucial pour faciliter la communication. Cela inclut un bon éclairage pour permettre la lecture labiale, une acoustique favorable pour réduire les bruits de fond et un aménagement de l'espace qui favorise les interactions en face à face.

Des modifications simples, comme l'élimination des sources de bruit inutiles peuvent améliorer considérablement la compréhension auditive.

Les attitudes des interlocuteurs jouent un rôle important. Parler lentement, articuler clairement, maintenir un contact visuel et utiliser des gestes peuvent aider à compenser les déficits auditifs.

Il est également important d'assurer que la personne a bien compris le message en posant des questions de clarification si nécessaire.

Appareillage

L'utilisation d'appareils auditifs peut améliorer la compréhension et ralentir le déclin cognitif. Des études ont montré que les personnes appareillées ont une diminution de la compréhension de la parole de seulement 1 % sur cinq ans, contre 17 % chez celles non appareillées. Il est essentiel de sensibiliser les personnes âgées à l'importance de l'appareillage auditif et de les accompagner dans son utilisation.

Favoriser l’acceptation et la mise en place des appareils auditifs

Bien que les appareils auditifs soient reconnus pour leurs bénéfices sur la compréhension et le ralentissement du déclin cognitif, leur acceptation par la personne âgée peut être complexe. Plusieurs freins peuvent se présenter : déni de la perte auditive, peur de la stigmatisation, inconfort physique ou difficulté d'utilisation. Il est donc essentiel d'adopter une approche individualisée et bienveillante.

L'accompagnement à l'appareillage commence par une information claire et accessible sur les liens entre audition, communication et cognition. Il est important de valoriser l'appareil non comme un signe de dépendance, mais comme un outil d’autonomie et de lien social. La familiarisation progressive avec l’appareil, dans des contextes sécurisants (à la maison, avec un proche), facilite son intégration dans la vie quotidienne.

Le rôle des proches et des professionnels est également central : encourager sans brusquer, reconnaître les progrès, ajuster le matériel si nécessaire, et prendre le temps de rassurer. En ergothérapie, nous pouvons proposer des mises en situation concrètes pour travailler la tolérance à l'appareil, renforcer les gestes techniques liés à son utilisation, et soutenir la motivation grâce à des activités de communication plaisantes et valorisantes.

« Attends, je mets mes lunettes, je t’entendrais mieux ! »

Oui, c'est une phrase que j'ai très souvent entendu. Mais à cela, rien d'étonnant...

La lecture labiale est une compétence précieuse pour les personnes malentendantes, permettant de comprendre la parole en observant les mouvements des lèvres, de la langue et des expressions faciales. Elle devient particulièrement importante lorsque la perte auditive est significative.

Cependant, la lecture labiale a ses limites car certains phonèmes sont difficiles à distinguer visuellement et peuvent être masqués par d'autres sons. De plus, une bonne acuité visuelle est nécessaire pour une lecture labiale efficace. Il est donc important de prendre en compte la santé visuelle des personnes et de leur fournir un éclairage adéquat pour faciliter cette forme de communication.

Conclusion

Le déficit auditif chez les personnes âgées a un impact significatif sur les fonctions cognitives, en particulier la mémoire et l'attention. La communication joue un rôle clé dans le maintien de ces fonctions et il est essentiel de mettre en place des stratégies pour favoriser une communication efficace. Cela inclut l'adaptation de l'environnement, l'adoption de comportements facilitant la communication, l'utilisation d'appareils auditifs et la prise en compte de la lecture labiale.

Les Carnets de Léon et Augustine sont conçus pour répondre aux besoins spécifiques des personnes âgées confrontées à des troubles de la mémoire en créant un espace d’échange et de communication sécurisant et stimulant. En intégrant ces outils dans l'accompagnement des personnes âgées, nous pouvons contribuer à améliorer leur qualité de vie et à ralentir le déclin cognitif.

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